L’ART, Œuvres d’art: Matérialité ou produit de l’imaginaire? …

-Femme se coiffant- 2006

L’art, on en parle de plus en plus dans cette période printanière: Exposition d’art, vernissage, Piss Christ etc… Dans une conversation café-philo avec des amis, nous avons noyé nos soucis dans un délirium intéressant sur l’art, sur les artistes et les œuvres d’art.

En cherchant dans Wikipedia, on peut lire que l’art (du latin Ars, artis – habileté, métier, connaissance technique-  est une activité humaine dont le produit -ou l’idée que l’on s’en fait- consiste à arranger divers éléments en s’adressant délibérément aux sens, aux émotions et à l’intellect. Aussi, il n’y a pas de définition universelle de l’art car sa perception varie diversement selon les cultures, les auteurs et l’époque etc.

Pour mon ami Serge, l’art est le produit artistique sortie du subconscient d’un être que l’on peut appelé artiste. C’est le fruit d’un imaginaire retranscrit par des mots, par des gestes, ou façonné dans la matière. Ceci englobe donc les domaines aussi divers que la sculpture, la peinture, la musique, la danse et la poésie (et donc la littérature). On peut inclure la cuisine, le cinéma, la gravure, le théâtre, la photographie, la bande dessinée, la télévision, voire l’art numérique, etc. Arrêtons nous sur l’aspect matériel de l’art, sur la matérialité…

Cette expression artistique retranscrit des valeurs, matérialise des émotions. Notre perception de l’art est à géométrie variable. Nos sens, notre culture et nos capacités intellectuelles affectent notre regard sur l’œuvre, on fait vivre l’art en fonction des émotions que cela nous procure, on est objet contemplant l’art et sujet de valorisation de l’œuvre. « L’art est », car soumis à notre appréciation. Être, c’est être perçu ou percevoir écrivait Georges Berkeley. Et, on peut l’appliquer à l’art.

C’est là une interprétation qui peut faire penser que l’artiste est dépossédé de son œuvre. Il en reste cependant le concepteur, l’artiste. La valorisation de l’œuvre est du domaine de la subjectivité collective. C’est Ce que je pense

Continuons ce délirium. En restant sur l’aspect matériel de l’art, je pense que l’art, c’est le domaine de l’immatériel, je m’explique. L’œuvre d’art, ou le produit artistique est immatériel en soi, c’est le cas de la musique, de la danse entre autres aspects artistiques perceptibles par l’ouïe, l’odorat, voir le visuel. Mais pour l’art matérialisé sur une toile, faisant appel au toucher et à la vue -entre autres sensations procurées par l’œuvre- les choses peuvent paraître complexes.

L’œuvre de l’artiste est une transcription de son imaginaire, de son intellect, noircir une toile, tailler la pierre, c’est comme graver ses propres pulsions ou sensations, on les nomme œuvres d’art, objets artistiques, toiles de maître etc…

-Les demoiselles d’Abidjan- 1999.

Ce qui est ici frappant, c’est la non-qualité d’œuvre d’art pour les réalisations naturelles que l’on trouve dans la nature, des oeuvres façonnées par le temps et par les saisons etc.. La pierre sculpté, façonnée par la nature n’est pas une œuvre artistique, les stalactites ou stalagmites non plus. Qu’importe donc la beauté de l’œuvre proposé par la nature et le temps, ce n’est plus de l’art. C’est peut être pour cela que Raoul Dufy a écrit: « Regardez la nature … et tournez lui le dos. »

Dans le cas de ces œuvres comparées à celles des artistes, ce n’est plus la qualité artistique qui compte, on se ne base point sur l’œuvre mais sur les moyens de sa réalisation. On met donc en avant l’homme, sa capacité à réfléchir, à concevoir et à réaliser par soi -ou par délégation- une œuvre. Donc, cette œuvre matérialisée n’existe que par le truchement de l’intellect humain. Delacroix disait: « La nouveauté est dans l’esprit qui crée et non pas dans la nature qui est peinte. »

L’art est donc conçu en nous, dans notre imaginaire et il n’a de valeur que le talent de l’imaginaire qui l’a conçu. L’imaginaire témoigne de la subjectivité de l’homme. C’est en cela que l’art est immatériel. C’est ma vision des choses en ce weekend pascal.

Ce billet n’est pas une œuvre d’art car « n’existe pas », c’est juste le fruit de mon imaginaire et de votre appréciation, il n’a de valeur que les sensations que cela peut engendrer en vous. Commenter un billet par exemple, c’est signifier ses émotions de lecture -appréciations, contradictions, négation des thèses évoquées, rester sans voix, faire l’éloge du silence, etc.-. C’est  un… vernissage

Sont vernis: Melclalex, emanu, jujusete, Cycee, Nicolas, Romain, Rumin, Fabien, Yann, Sylvie, iconoclaste, Juan, DomyDom, Gildan, Seb, 1raleur, Guy, Arnauddespasp, David, Cerise

Pour vous, c’est quoi l’ART? Le délirium est ouvert…

[illustrations] (par moi).

1: Femme se coiffant, peinture de la sculpture de Julio Gonzáles (1876-1942) – Femme se coiffant I, 1931.
2: Les demoiselles d’Abidjan, Adaptation libre d’une partie de   » Les demoiselles d’Avignon’‘ de Picasso 1907.

21 réflexions au sujet de « L’ART, Œuvres d’art: Matérialité ou produit de l’imaginaire? … »

  1. Dis Guy-Alain
    Ça va? Je m’attendais à ce que tu parles de  »l’origine du monde », oeuvre d’art censuré sur Facebook…

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  2. L’art, c’est d’arriver à s’empiffrer de p’tits fours tout en s’intéressant aux œuvres alentours.

    Bon, trêve de conneries, en vérité, je vois plus l’art comme un cheminement, en possibilité d’épanouissement pour l’homme.
    Jusqu’à transformer et faire grandir le regard qu’on porte sur la vie, sa propre vie, la vie des autres, et la vie du tout auquel on appartient.
    Je vois l’art en parallèle de la vie, dans son accompagnement qui diffuserait du sens (sa transcription), individuel, particulier, original.
    Et qui comme tu le dis si bien, a purement à voir avec l’émotion, l’intellect, la mémoire, la conscience et l’inconscient, parfois.
    Un travail sur la vie et son sens.
    Un travail sur soi tout en s’imaginant les autres.
    Un don, enfin, qu’on a reçu et qu’on redonne à son tour.
    L’art, pourrait même être LA VIE elle-même, et ce qu’on en fait, dans sa jubilation, dans la sidération vis-à-vis d’elle qu’on peut avoir parfois, dans sa richesse et sa saveur, et également dans la colère orageuse qu’elle déclenche chez nous parfois.
    Enfin, et sans doute, une recherche d’imitation la plus parfaite qu’il soit de la nature, par l’homme.

    Henry Miller « Tropique du Cancer », 1934:

    « C’est maintenant l’automne de ma seconde année à Paris. On m’y a envoyé pour une raison dont je n’ai jamais pu sonder la profondeur. Je n’ai pas d’argent, pas de ressources, pas d’espérances. je suis le plus heureux des hommes au monde. Il y a un an, il y a 6 mois, je pensais que j’étais un artiste. Je n’y pense plus, je suis! Tout ce qui était littérature s’est détaché de moi. Plus de livres à écrire, Dieu merci!
    Et celui-ci alors ? ce n’est pas un livre. C’est un libellé, c’est de la diffamation, de la calomnie. ce n’est pas un livre au sens ordinaire du mot. Non ! C’est une insulte démesurée, un crachat à la face de l’Art, un coup de pied dans le cul à Dieu, à l’Homme, au Destin, au Temps, à la Beauté, à l’Amour!.. à ce que vous voudrez. »

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  3. @MHPA
    Très bonne approche de l’ART
    je retiens:
     » je vois plus l’art comme un cheminement, en possibilité d’épanouissement pour l’homme. »
    Je pense aussi que l’art est  » Un travail sur soi tout en s’imaginant les autres » et «  »et sans doute, une recherche d’imitation la plus parfaite qu’il soit de la nature, par l’homme »

    Merci pour cette contribution…

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  4. Ce billet étant tombé le premier jour d’un long week-end, je ne l’avais pas vu et j’ai loupé le tag, c’est le billet de Romain qui me rappelle à l’ordre. Mais ça ne m’inspire pas…

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