Alors, c’était bien ce meeting de Dijon? demande RomainBlachier. Oui c’était bien répond Eric Mulhouse. En effet, on en sait un peu plus sur les axes de la présidence de François Hollande qui s’est exprimé pendant plus d’une heure trente sur sa conception de la République, une »République qui rassemble’‘, loin du pugilat auquel a donné lieu ces derniers jours le déroulement de la campagne présidentielle.
Dans ce discours du 03 mars à Dijon, François Hollande est revenu sur de nombreux points de ses propositions. Comme jegoun l’avait fait pour celui de Lyon, je vais retenir les quelques points du programme de François Hollande. Dans le sillon du rassemblement du Bourget le 22 janvier dernier, des points importants ont été évoqués: fin du cumul des mandats, scrutin proportionnel pour les législatives, nouvelle étape de la décentralisation, liberté de la presse, règles des nominations revues, impartialité du chef de l’Etat…De quoi servir l’impatience de l’ump.
Bien loi de ces invectives, c’est une nouvelle façon de présider la République qui a été détaillée à Dijon: un Parlement qui retrouve des droits, une évaluation tous les six mois de l’action gouvernementale, un nouveau contrat entre les collectivités locales et l’Etat pour faire converger leur force, un président qui n’est pas chef de parti, mais chef de l’Etat, une République laïque, démocratique sociale et impartiale. Bref, un nouvel esprit démocratique qui soufflerait en France à partir du 7 mai si François Hollande était élu président de la République.
C’est bien de le préciser.
Une campagne présidentielle n’est pas un pugilat. C’est un moment de vérité. Deux conceptions de la société, deux philosophies politiques, deux visions de l’avenir, deux manières de présider la France se font face.
C’est une confrontation. Elle peut être belle, si elle n’est pas dégradée. C’est un combat qui n’est pas un pugilat, qui ne doit pas être une façon de dénigrer l’autre, mais une façon de nous rehausser nous-mêmes. (…) Je n’ai pas été insensible à tous les « compliments» qui m’ont été faits par le camp d’en face ou à certaines promotions verbales qui parfois peuvent être des provocations. Mais je veille chaque jour à ne pas me laisser entraîner par la polémique, par la surenchère, par l’inflation du verbe. Les mots, qui ont toujours un sens, doivent être maîtrisés! Les expressions qui parfois peuvent échapper à la pensée de leur auteur – c’est possible ! – doivent être retenues. Et les propositions doivent être faites pour convaincre et pas simplement pour vaincre l’adversaire du moment. Quant aux personnes, n’oublions pas, quels que soient nos sentiments, que l’un des candidats sera le prochain président. Bref, soyons à la hauteur de ce qu’attendent les Français, de ce qu’ils vivent, des enjeux du pays, de l’Europe qui nous attend, du monde qui nous regarde.
Ma conception de la présidence: Aimer la France…
c’est la servir. Aussi, je suis venu ici, devant vous, élus de la République, pour vous livrer ma conception de la présidence. Vous dire comment diriger un grand pays comme la France, avec ses cultures politiques contradictoires, ses conflits d’intérêts, ses urgences brûlantes, ses attentes multiples. Un grand pays partagé entre la reconnaissance des diversités et le besoin d’unité nationale. Un pays dont le peuple aspire à être autant dirigé qu’écouté. Un pays qui attend beaucoup de l’Etat, parfois trop, mais s’en méfie tout autant. Un pays qui s’interroge sur son destin, sur son avenir, sur sa place en Europe dans le monde.
L’omniprésidence.
Depuis 5 ans, nous vivons sous le règne de l’omniprésidence. (…) Le régime d’un seul – parce qu’élu par toute la Nation –, qui prétend pouvoir décider de tout, sur tout, partout – en fait, certains l’ont reconnu ! Je m’interrogeais, je m’inquiétais – mais en fait, au-delà de cette tentation que d’autres avant lui ont pu connaître, l’omnipotence conduit à l’impuissance. A vouloir concentrer tous les pouvoirs, on finit par n’en exercer aucun ! Et cette impuissance elle-même engendre l’irresponsabilité. L’irresponsabilité, où ce qui est dit n’est pas fait et où ce qui est fait n’est pas dit. Bref, un système où le bilan n’est pas revendiqué, où l’erreur n’est pas reconnue et où l’échec est toujours mis sur le compte d’autrui plutôt que sur soi-même.
Evaluer tous les 6 mois les résultats des actions entreprises, vote de confiance chaque année.
Le premier devoir du prochain président sera de rendre des comptes, de dire régulièrement au pays le sens de l’action publique, de présenter tous les six mois l’évaluation des résultats par rapport aux objectifs, de donner au Parlement les moyens efficaces pour contrôler les politiques publiques, et de vérifier chaque année la confiance de l’Assemblée nationale à l’égard du gouvernement.Le prochain président devra montrer l’exemple et, valoriser le statut des fonctionnaires.
Nous avons la chance, ici en France, et depuis des décennies, d’avoir une fonction publique de grande qualité, recrutée dans l’excellence, et enviée par beaucoup de nos voisins. La représentation de l’Etat, ce sont les préfets dans les départements et les régions, des ambassadeurs partout dans le monde, des directeurs d’administration centrale chargés de prendre en charge les grands dossiers du pays, et enfin des magistrats qui rendent la justice au nom du peuple Français. Je ne suis pas sûr que ces hauts fonctionnaires, que ces magistrats, aient été bien traités, ces cinq dernières années.
Mettrre fin aux nominations partisanes.
Cette politique de nomination a été jusqu’aux établissements financiers, jusqu’à l’audiovisuel public, et même dans les services hospitaliers. Ce n’est pas ma conception. A l’avenir, les hauts fonctionnaires seront nommés sur leurs compétences et leur expérience ; et la seule loyauté, la seule qui leur sera réclamée, sera celle à l’égard de l’Etat et non à l’égard du chef de l’Etat.
De nouveaux droits seront reconnus au Parlement pour contrôler le gouvernement, enquêter sur les dysfonctionnements de l’administration, engager de grands débats. Et il y en a ! Sur l’énergie, sur le nucléaire, sur les lois de bioéthique : voilà de belles délibérations pour un Parlement doté de pouvoirs. Lever la contradiction et arbitrer entre les intérêts. L’opposition sera pleinement associée à ces initiatives.
Cumul des mandats: Je ferai voter dès les débuts du prochain quinquennat, la fin du cumul d’un mandat parlementaire avec une fonction d’exécutif local. Proportionnelle. Le Parlement en lui même doit mieux représenter le pays. Nous introduirons donc une part de proportionnelle dans le mode de scrutin législatif.
Une nouvelle étape de la décentralisation.
Au moment où il faut redresser la France, où il faut chercher des gisements pour l’investissement, pour la formation, pour l’innovation, c’est sur les territoires que nous les trouverons. J’ai une deuxième conviction, c’est que la décentralisation permettra la réforme de l’Etat. Elle sera un facteur de clarté, de responsabilité. Elle écartera les superpositions, les enchevêtrements, les confusions. Elle sera même une source d’efficacité de la dépense publique, car il y aura forcément, partout, des économies à faire pour mieux servir les Français sans qu’il soit besoin de rehausser les prélèvements. Ma dernière condition, c’est que c’est la mobilisation commune de l’Etat et des collectivités locales qui nous permettra — qui me permettra — de traduire les priorités que j’ai présentées devant le pays : le soutien des PME, la formation des jeunes, la petite enfance, le logement mais aussi la rénovation de nos universités, la recherche, la culture, l’environnement, l’écologie. C’est ensemble, Etat et collectivités locales, que nous arriverons à être à la hauteur des attentes qui sont portées sur nous.
J’engagerai une réforme de la fiscalité locale avec un seul objectif: la justice
la justice entre les contribuables, la justice entre les territoires. L’impôt local est un élément de l’autonomie des communes, des départements qui en sont maintenant privés ou presque, et des régions à qui l’on a ôté toute fiscalité. Les citoyens doivent pouvoir juger l’action de leurs élus. Et la responsabilité n’existe que si les élus sont capables de fixer les contributions locales et de rendre compte de l’usage qui est fait des deniers publics. C’est cela, la démocratie locale. Mais je renforcerai parallèlement la solidarité financière de l’Etat et des collectivités locales vers les territoires. Je ferai de la péréquation entre collectivités un levier de la solidarité territoriale. Il est normal — et je ne veux stigmatiser personne ! — que Neuilly-sur-Seine paie pour Bobigny. Ça s’appelle la justice ! Ça s’appelle la justice entre les territoires!
La 61ème proposition. J’ai fait 60 propositions.
C’était lors de notre rassemblement du Bourget. J’en formule devant vous une 61ème ! (…) Elle se résume tout simplement à l’application du premier article de notre constitution : « la France est une république indivisible, démocratique, laïque et sociale ». Voilà l’engagement que je prends ! »
(…)
La République, elle est laïque. Je dis mon attachement à cette belle valeur, à ce grand principe qui n’est pas la religion de ceux qui n’ont pas de religion. C’est le fondement du vivre ensemble. La laïcité protège la liberté individuelle la plus intime, la plus précieuse : la liberté de conscience, la liberté de croire ou de ne pas croire. Elle protège l’égalité des femmes et des hommes entre eux. Elle protège contre les influences, contre les violences. Et c’est pourquoi j’ai proposé d’inscrire dans notre constitution les principes de la loi de 1905 : pour que le respect de ces principes puisse se traduire autant qu’il sera possible dans notre droit.
Voila pour les proposition. » Le changement, c’est Maintenant »
Sources: La conception de la présidence de la République de François Hollande par @fhollande
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