Allocs: En finir avec l’assistanat des familles aisées…

images«- Mouima, Je suis désolé mais, je ne pourrai plus t’emmener mes enfants à garder…

Mais pourquoi Docteur? j’ai fait quelque chose de mal?

– Non, pas du tout, mais il y a un gros souci, Jospin va nous supprimer les allocations familiales et…

Vous? Les allocations familiales? Vous connaissez la caf ?

– Oui, c’est avec ça que je te paie… »

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C’était il y a quelques années. Ma voisine était estomaquée. Oui, le Docteur touche aussi des allocs et pas que de p’tites sommes. Je devine sa nouvelle inquiétude car Didier Migaud, Premier président de la Cour des comptes recommande de taxer les prestations familiales : «On peut considérer que c’est une prestation qui rentre dans les revenus et qui peut d’une certaine façon être fiscalisée». Une annonce qui suscite quelques peurs, pas forcément auprès des catégories les moins aisées de la population. C’est en cela que cette proposition est intéressante.

Ah non! pas les allocs!..

La Droite préconisait la suppression des allocations familiales pour les parents des enfants délinquants, Laurent Wauquiez voulait s’attaquer aux « assistés » etc. Depuis la recommandation de Didier Migaud, il y a comme un silence chez les anti-allocs, motus,  pas d’applaudissements. C’est bizarre, Et pour cause. Selon le rapport de la Cour des comptes, «les prestations familiales conditionnées ou modulées en fonction des ressources jouent un rôle relativement peu marqué dans la réduction des inégalités». En clair, 10% des familles les plus aisées ont touché 1053 millions en complément de mode de garde de la Paje (prestation d’accueil du jeune enfant) et les 10% les plus pauvres, 120 millions seulement. Dix fois moins!

On ne parle pas ici de ces petites sommes, communément appelées «allocs» que certaines familles guettent chaque fin du mois, mais de grosses prestations familiales (c’est le terme pour les familles aisées). Dans le Figaro, ce chiffre: « près de 16,9 milliards d’euros d’allocations familiales sont versées chaque année sans que les ressources des parents soient prises en compte ». Les pauvres, c’est connu, s’occupent tout seuls de leur gosses, contrairement aux «riches», ces allocataires silencieux, gros bénéficiaires de la Paje (prestation d’accueil du jeune enfant) pointés du doigt par la Cour des comptes. « un enfant de famille riche rapporte plus qu’un enfant de famille pauvre »[ Christiane Marty].

C’est en partie pour cela que François Hollande avait revalorisé de 25% l’allocation de rentrée scolaire, accordée à certains ménages. La droite avait crié à «la hausse des dépenses!». OK, il est donc temps de regarder de près les «allocs» de son électorat, car il est question d’argent public dont le financement (Cnaf) est assuré par deux types de recettes: 66 %  des cotisations sociales et,  33 % des impôts et taxes affectés, dont la CSG. Et, 63% des ces recettes sont affectés aux allocations familiales (Commission affaires sociales Sénat.fr)

Les 10 % des revenus les plus élevés bénéficient de prestations et/ou d’avantages fiscaux qui peuvent atteindre 400 euros par enfant et par mois, tandis que les 90 % des revenus les moins élevés ne touchent en moyenne que 175 euros (voir graphique).

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En finir avec la niche fiscale des familles les plus aisées…

En 2008, la France était déjà malade de ses déficits publics et, le rapport Attali préconisait de conditionner les prestations familiales aux revenus des ménages pour rendre la politique familiale plus redistributive et permettre la réduction des coûts des politiques familiales de 2 milliards d’euros. La Cour des comptes recommande, elle :

1. D’appliquer un plafond de ressources au complément de mode de garde de la Paje: les ménages dont les revenus dépasseraient un certain seuil n’y auraient plus droit. En clair, que les assistés de la république s’occupent de leurs gosses!

2. De mieux cibler l’autre prestation de la Paje, l’allocation de base, aujourd’hui accordée à 90% des familles. Christine Boutin ne va pas aimer.

3. Et, d’une façon générale, de rendre plus cohérent le système et de «renforcer l’objectif d’aide aux familles vulnérables». Certains vont divorcer.

Personnellement, je propose une solution à l’anglaise. Les britanniques ont tout simplement supprimé les allocations familiales pour les ménages les plus aisées avec, le même argument: «Il est juste que ceux qui ont les épaules les plus solides contribuent le plus (à la réduction du déficit) » [David Cameron, Premier ministre, octobre 2012 ]. C’est un libéral. Sale temps pour les réacs, les cathos et l’Eglise. La quête du dimanche va baisser dans les jours à venir. Ils pourront toujours refaire une manif #allocspourRiches, le slogan est tout trouvé «Touche pas à mes allocs!».

Ma mauvaise foi est manifeste, la stigmatisation volontaire. Je dois cependant vous avouer que revoir les «riches» manifester pour préserver leurs allocs a un côté jouissif qui vaut le détour.

Vous verrez.

4995777-7459879Billet-édito propulsé sur MédiaVox

Lire mes autres éditos.

17 réflexions au sujet de « Allocs: En finir avec l’assistanat des familles aisées… »

  1. je suis d’accord avec toi, et surtout de donner une allocation substantielle aux familles qui n’ont qu’un enfant, il n’est plus normal que les familles de ce type n’aient droit à rien.

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    1. ou, les confier à Papy et Mamie!
      Certains s’empressent de les expédier en maison de retraite et, se trouvent fort dépourvu lorsque la question de garde d’enfant se pose et jouent les employeurs aux frais du contribuable!

      Donc, par solidarité avec les « vieux », supprimons les allocs à ces « riches » indignes! 😉

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      1. En vertu de quoi toucherait-elle quoi que ce soit de la CAF ?
        La tendance n’est pas à modifier la répartition mais à réduire l’enveloppe global en réduisant plus pour certains que pour d’autres, mais j’ai peut-être mal compris.

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