Ils sont partis contraints et forcés vers les Amériques, entassés dans des navires négriers pour «servir» de l’autre côté de l’Atlantique. Par milliers, ils ont quitté les côtes africaines avec pour seul bagage, «le souvenir de la Liberté».
La «traitre négrière», cette période sombre de l’histoire de l’humanité a profondément marqué l’Afrique, et je pense que la souffrance la plus visible de cette tragédie se trouve de l’autre côté de l’océan atlantique. C’était un voyage sans billet-retour…
Le rêve réalisé d’Alex Haley dans «kunta Kinté» reste l’exemple le plus marquant d’une quête partagée par des millions de descendants d’esclaves: retrouver ses racines africaines. Je vous propose de vivre le singulier voyage de l’arrière–petite fille d’Anatole Massembo, (l’un des derniers congolais déporté dans les Antilles françaises dans les années 1860), de retour sur la terre des ses ancêtres les Bakongo, puis, dans la baie de Loango, à la porte d’embarquement des esclaves vers les Amériques. (Docu RFO/FMC, extraits, 7mn49)
Cette stèle en brique rouge, ce point de départ des esclaves vers l’inconnu, j’y étais en 2011 lors de mon dernier séjour en Afrique. Moins connu et moins touristique que « la Porte de Gorée » dans la baie de Dakar au Sénégal, la « Porte de Loango » située dans le voisinage des Gorges-de-Diosso, près de la Ville portuaire de Pointe-Noire, est un lieu paisible et empreint d’une grande émotion lorsqu’on s’y trouve. C’est là qu’ils attendaient, enchainés, les yeux certainement tournés vers ces grands voiliers au large, pour un très long voyage, sans visas de retour. Ce rituel (du 15ème siècle à son déclin au 19ème siècle) s’appelle le «commerce triangulaire» entre l‘Europe, l’Afrique et les Amériques, il fallait assurer la distribution d’esclaves noirs aux colonies d’Amériques, pour ensuite approvisionner l’Europe en produits de ces colonies. Puis, les navires des négriers revenaient vers l’Afrique pour une nouvelle cargaison.
La France? toujours aux premières loges avec un démarrage vers les années 1670. De nombreux ports français participèrent au commerce des esclaves. Nantes fut le principal port négrier français avec une très grande activité. Pour ne pas faire de jaloux, on va citer La Rochelle, Le Havre, Bordeaux, Saint-Malo, Lorient, Honfleur, Marseille, Dunkerque, Rochefort, Vannes, Bayonne, Brest etc. On y trouve encore les traces de cette «belle époque» où le «bois d’ébène» avait une très grande valeur marchande, il suffit de lever les yeux dans les artères de ces villes pour admirer «l’Art Nègre Panthéonisé» sur les frontons de riches et belles demeures, des œuvres gravées…
Il est difficile de chiffrer avec précision le nombre total de déportés sur près de 4 siècles. Pour certains, la «croisière» s’arrêtait en haute mer, au fond de l’océan, «Underwater». On estime à près de 12 millions d’africains, le nombre d’africains déportés entre 1501 et 1866, selon la base de données consacrée à la traite négrière de David Eltis (The Trans-Atlantic Slave Trade Database, stats déc. 2008). Quelques dates…
(Clic pour agrandir)
Une éternité plus tard, «Anatole Massembo» est de retour à la Maison. Il est libre. Enfin.
Oui mais on vous a civilisés en même temps. Avant, vous portiez des pantalons à carreaux 😉
J’aimeJ’aime
Une « œuvre civilisatrice » (comme tu dis) sur près de 4 siècles qui a débuté avec les 42 négriers partis de la Rochelle avant Bordeaux en 1672. Près de 50 expéditions françaises par an en moyenne sur la durée (je te laisse faire le calcul), pour fabriquer du « coton » (entre autres). C’est cher payé le « pantalon » non?
(smiley)
J’aimeJ’aime