Le rituel du vote, je l’ai toujours respecté, à gauche, toujours. Ce matin cependant, à quelques mètres de mon bureau de vote (Lyon), la flèche de direction n’a pas déclenché chez moi cette envie qui me fait traverser la porte d’entrée de mon beau bureau de vote, ce bureau que je fréquente régulièrement avec mes enfants, pour les habituer au rituel du devoir citoyen, les éduquer…
Une curieuse angoisse me traverse, là maintenant, j’ai des doutes, malgré ce feu vert du panneau de signalisation, je marque un stop. Je ne pensais pas une telle chose possible, pas moi. Aussi, j’ai décidé de m’asseoir sur un banc, dans ce petit parc en face de l’école, pour faire le point sur cette chose curieuse: «l’angoisse politique de l’électeur de gauche». Plusieurs facteurs expliquent cet état d’esprit, il suffit de relire mes précédents billets pour se faire une idée, vous trouverez des éléments de réponse sur cette pathologie (politique), sur ce trouble électif…

Ne pas voter? Je ne l’imagine même pas car, j’ai le souvenir de tous ces dimanches où je me suis senti exclu de la vie de ma cité parce que je ne pouvais voter. C’était dans une autre vie, lorsque je n’étais (encore) qu’un simple «étudiant étranger», lorsque je regardais avec envie mes amis et voisins se diriger vers ces bureaux de vote qui ne m’attendaient pas, je pense à toutes ces fois où j’ai «voté par procuration» via ma chère et tendre qui laissait dormir une belle voix de gauche sur sa carte d’électeur, je repense à ces dimanches de «festins politiques» où je tapais l’incruste, toujours volontaire pour dépouiller les bulletins le soir des élections. Je ne compte plus les heures passées dans ces lieux, le nombre de fois que j’ai tenu un bureau de vote, les heures d’écriture pour faire signer les feuilles d’émargement. Mais aujourd’hui…
L’envie de voter ne m’a pas quitté, non, mon problème n’est pas de savoir «pourquoi voter», l’Europe ne mérite pas une telle offense. Ce qui angoisse l’électeur de gauche que je suis, c’est: pour qui voter, plus précisément, pour qui je dois m’abstenir. Pour la Gauche? j’y pense comme une réponse à cette «politique» qui ne m’incite pas à renouveler «ma confiance», une réponse à cette «drôche» qu’on m’a imposé après l’échec aux municipales malgré mon vote à gauche, une double peine. Au delà du vote «couleur politique» que je pense exclure pour cette fois, je suis tenté par une candidate très compétente qui a cependant un gros défaut: Elle est centriste, Sylvie Goulard (UDI-Modem), Députée européenne. Sacrilège? Possible… Ne pas faire le jeu de la droite? Oui mais, qui a commencé? Il me faut reconnaître qu’elle a des convictions européennes que je partage, qu’elle a fait montre d’une maîtrise de dossiers qui suscite l’admiration. Être infidèle à Papa Schulz? il n’a pas démérité, je partage son Europe, mais l’idée de payer ma «Dette Bayrou2012» me traverse l’esprit, oui. La gauche lui doit quelques % dans la victoire de Mai 2012, il avait appelé à voter F. Hollande après l’habillage extrême-droite de Nicolas Sarkozy, c’était courageux et républicain.
Mais…
[Je marque une pause, je rentre chez moi, pour en discuter avec ma femme pour y voir plus clair ((elle ne va pas voter). J’ai jusqu’à 18h00, voire avant pour me décider, je vous tiens au courant, Merci]. [Édit 16h40.]. Après trois heures de réflexion, une bonne bouteille et une petite sieste, j’ai réussi à franchir le seuil du gymnase-bureau-de-vote pour ensuite glisser mon bulletin dans l’urne, bref, j’ai voté.

Conformément à mes convictions et en toute liberté, j’ai payé ma dette. On va dire que j’ai voté bourré.
(Fait).
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