Pathologie (politique): Les doutes d’un électeur de gauche devant le bureau de vote…

Bureau de vote LyonLe rituel du vote, je l’ai toujours respecté, à gauche, toujours. Ce matin cependant, à quelques mètres de mon bureau de vote (Lyon), la flèche de direction n’a pas déclenché chez moi cette envie qui me fait traverser la porte d’entrée de mon beau bureau de vote,  ce bureau que je fréquente régulièrement avec mes enfants, pour les habituer au rituel du devoir citoyen, les éduquer…

Une curieuse angoisse me traverse, là maintenant, j’ai des doutes, malgré ce feu vert du panneau de signalisation, je marque un stop. Je ne pensais pas une telle chose possible, pas moi. Aussi, j’ai décidé de m’asseoir sur un banc, dans ce petit parc en face de l’école, pour faire le point sur cette chose curieuse: «l’angoisse politique de l’électeur de gauche». Plusieurs facteurs expliquent cet état d’esprit, il suffit de relire mes précédents billets pour se faire une idée, vous trouverez des éléments de réponse sur cette pathologie (politique), sur ce trouble électif

Europenne2014

Ne pas voter? Je ne l’imagine même pas car, j’ai le souvenir de tous ces dimanches où je me suis senti exclu de la vie de ma cité parce que je ne pouvais voter. C’était dans une autre vie, lorsque je n’étais (encore) qu’un simple «étudiant étranger», lorsque je regardais avec envie mes amis et voisins se diriger vers ces bureaux de vote qui ne m’attendaient pas, je pense à toutes ces fois où j’ai «voté par procuration» via ma chère et tendre qui laissait dormir une belle voix de gauche sur sa carte d’électeur, je repense à ces dimanches de «festins politiques» où je tapais l’incruste, toujours volontaire pour dépouiller les bulletins le soir des élections. Je ne compte plus les heures passées dans ces lieux, le nombre de fois que j’ai tenu un bureau de vote, les heures d’écriture pour faire signer les feuilles d’émargement. Mais aujourd’hui…

L’envie de voter ne m’a pas quitté, non, mon problème n’est pas de savoir «pourquoi voter», l’Europe ne mérite pas une telle offense. Ce qui angoisse l’électeur de gauche que je suis, c’est: pour qui voter, plus précisément, pour qui je dois m’abstenir. Pour la Gauche? j’y pense comme une réponse à cette «politique» qui ne m’incite pas à renouveler «ma confiance», une réponse à cette «drôche» qu’on m’a imposé après l’échec aux municipales malgré mon vote à gauche, une double peine. Au delà du vote «couleur politique» que je pense exclure pour cette fois, je suis tenté par une candidate très compétente qui a cependant un gros défaut: Elle est centriste, Sylvie Goulard (UDI-Modem), Députée européenne. Sacrilège? Possible… Ne pas faire le jeu de la droite? Oui mais, qui a commencé? Il me faut reconnaître qu’elle a des convictions européennes que je partage, qu’elle a fait montre d’une maîtrise de dossiers qui suscite l’admiration. Être infidèle à Papa Schulz? il n’a pas démérité, je partage son Europe, mais l’idée de payer ma «Dette Bayrou2012» me traverse l’esprit, oui. La gauche lui doit quelques % dans la victoire de Mai 2012, il avait appelé à voter F. Hollande après l’habillage extrême-droite de Nicolas Sarkozy, c’était courageux et républicain.

Mais…

[Je marque une pause, je rentre chez moi, pour en discuter avec ma femme pour y voir plus clair ((elle ne va pas voter). J’ai jusqu’à 18h00, voire avant pour me décider, je vous tiens au courant, Merci]. [Édit 16h40.]. Après trois heures de réflexion, une bonne bouteille et une petite sieste, j’ai réussi à franchir le seuil du gymnase-bureau-de-vote pour ensuite glisser mon bulletin dans l’urne, bref, j’ai voté.

Europennene2014_1

Conformément à mes convictions et en toute liberté, j’ai payé ma dette. On va dire que j’ai voté bourré.

(Fait).

16 réflexions au sujet de « Pathologie (politique): Les doutes d’un électeur de gauche devant le bureau de vote… »

  1. Je vais la refaire une dernière fois. Dans une élection à la proportionnelle, on ne vote pas pour une tête de liste qui sera élue de toutes façons. On vote pour élire plus ou moins de députés dans un groupe qui voteront ou non pour une politique ultra libérale ou non. Sylvie Godard est inscrite au groupe ALDE qui défend une politique libérale, et qui s’alliera au PPE pour éliminer Schultz.
    Même si on pense que le vote PS n’est pas satisfaisant nationalement, c’est le seul qui donne une chance de ne pas voir Juncker, ex-premier ministre d’un paradis fiscal comme président de la commission.
    Si on veut que l’Europe change de politique, que la BCE puisse prêter aux états, que la croissance soit facilitée, que les mesures d’austérité soient ralenties, il faut qu’il y ait une majorité de gauche au Parlement Européen
    Tout le reste ne sont que des postures idéologiques qui permettent de croire qu’on a gardé les mains propres au milieu de la merde générale.
    Si Juncker ou Verhofsdat sont nommés président de la commission, faudra pas accuser Hollande de n’avoir pas pu faire changer l’Europe.

    J’aime

    1. Aujourd’hui, ma réflexion est différente. Le chantage sur la Droite ne marche plus, enfin, pas cette fois. On a évité l’élection de Sarko pour une politique de Gauche et paf! on nous colle Valls et sa politique de droite. Un vote d’opposition de Gauche s’impose, si ça peut aider à réfléchir, alors… Sinon, on remettra une couche aux Régionales, ainsi de suite…

      Faut arrêter de prendre les électeurs pour des cons. Avoir peur de la droite? On le vit déjà en France, sous la gauche! Alors l’Europe…

      J’aime

  2. J’ai eu des doutes moi aussi. Voter blanc ? M’abstenir ? Finalement, j’ai décidé de voter pour la liste soutenue par le FDG, lorsque j’ai découvert qu’il y en avait une (elle ne porte pas l’étiquette FDG) mais je me suis retrouvé abstentionniste malgré moi : dans ma circonscription, où la campagne a été inexistante (pas de tracts, pas d’affiches, pas de courrier électoral, juste des clips à la tété et peut-être quelques débats que j’ai zappés, trouvant les clips archi-nuls et sachant pour qui j’allais voter), on votait le 24, ce que j’ai complètement oublié (je crois que c’est le seul scrutin où on vote en avance), convaincu que les Européennes c’était le 25.

    Dans une circonscription ou l’abstentionnisme est important, cette campagne fantomatique n’arrange rien : on peut s’attendre à 92 % d’abstention.

    J’aime

Extimise ton avis (Commentaire)>