Lors du 2ème débat de la Primaire socialiste en 2011, Manuel Valls avait déclaré:
« La première mission du prochain Président de la République sera de nommer un vrai 1er Ministre en le respectant, qui gouverne… ».
Réflexion primaire, nous y sommes. Le 01 avril 2014, le candidat malheureux de la Primaire (avec seulement 5,6% de voix) a été élevé au grade de 1er Ministre, il «gouverne». Pour ce qui est du « respect« , Manuel Valls a récemment jugé «légitime» de mettre sur la table la question de la durée (et la modulation) des indemnités chômage. Une sortie hasardeuse, très vite recadrée par le Président de la République: « On ne fait pas des réformes pour des réformes, on fait des réformes pour qu’il y ait plus de croissance et plus d’emplois, notamment pour les jeunes ». Rappel du statut–collaborateur du 1er Ministre, François Hollande décide, Manuel Valls exécute, c’est la règle.
Les spéculations sur le départ de Manuel Valls de Matignon. Il est déjà dans l’après, prépare son départ, probablement après les Régionales : « à quoi bon jouer les supplétifs soumis dans un quinquennat agonisant alors qu’il n’a effectué que la moitié à peine de son parcours du combattant sous le feu de la crise. Perdu pour perdu, le soldat Valls préfère passer à la postérité avec des faits d’armes qui pourront resservir dans une autre vie. » écrit Olivier Picard dans le NouvelObs. Perdu pour perdu…
Le départ de Manuel, une hypothèse que j’avais romancé dès son arrivée à Matignon dans un billet en deux volets: « A l’intérieur de Matignon« . Au delà de la prévisible défaite aux régionales 2014 (après celle des municipales), j’évoquais le départ de Valls (en 2015-2016 avec l’idée bien arrêtée de ne pas laisser passer sa chance en 2017) en prévision d’une cristallisation possible des intentions de vote de Gauche sur F.Hollande (il remonte dans les sondages), et face à une droite plombée par la condamnation de Sarkozy (hypothèse plausible). Romance politique? Peut être bien que oui, quoique…
L’ambition de Manuel Valls (« Je veux être Président de la République! ») rend crédible l’hypothèse d’un départ anticipé pour deux raisons: 1. Sa chute dans les sondages d’opinion peut le pousser au clash avec le Président de la République, même indirectement, se faire virer pour mieux se démarquer de ce bilan mitigé, résultat de son implication depuis mai 2012, d’abord en tant que Ministre de l’intérieur Place Beauvau, puis 1er Ministre et chef du Gouvernement depuis Avril dernier, se défausser… 2. Pour se préparer à l’alternative de Gauche dans l’hypothèse d’une non candidature de F. Hollande en 2017.
Selon toute vraisemblance, ce départ est envisageable et peut-être envisagé, car l’action politique de M. Valls tourne autour de cette option. « Quitter Matignon, se faire virer pour ne pas être comptable du bilan 2012-2017, » une tentation. D’ailleurs, ses réformes libérales ne sont pas que reflets d’un positionnement politique incohérent pour la Gauche certes, mais conforme avec son ambition présidentielle, personnelle. Ce départ éventuel pour incohérence assumée avec sa famille politique légitime la réticence des électeurs à son égard: « il est clivant avec les écologistes, le Front de Gauche etc., divise, fragilise les syndicats dans ses réformes, clame son amour pour l’entreprise etc. Il porte bien son nom, valse, flatte l’électorat de droite (Se souvenir de son laxiste face aux débordements des Manifpourtous bien que Ministre de l’intérieur, il avait observé le silence devant la furie des bonnets rouges sur les portiques écotaxes).
Un avenir à la Michel Rocard?
C’est possible, peut-être bien à la JF Copé qui se voulait opposant de Nicolas Sarkozy avant 2007. Remarque, dans le cas Copé/Sarkozy ou de Sarkozy/Chirac, la divergence politique n’était pas accompagnée d’un désamour avec son propre électorat, c’est là une spécificité propre à M. Valls, son ascenseur-sondage est en panne…
Être Président de la République, c’est au delà de tout programme politique, être capable de créer les conditions d’un consensus dans son propre camp d’abord, puis au delà pour espérer « franchir avec mandat » le portail en fer du 55 Rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris. Matignon est une belle étape (politique), un tremplin, voire un terminus, Michel Rocard le sait et le vit très bien. Le départ de Valls ne s’accompagnera pas d’un « Merci pour ce moment » de la part des sympathisants socialistes, je ne le pense pas… Les projections politiques de celui qui demandait le départ de F. Hollande, alors 1er secrétaire du PS en 2008 se compliquent. (A suivre).
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