La question m’a été posée sur twitter par message privé (DM): «Oui mais tu sais, c’est pas facile, il a fait beaucoup d’erreur soit, mais il faut savoir pardonner, l’heure est à l’unité pour ressouder la Gauche. Et puis, pourquoi tu ne tapes pas sur F. Hollande aussi? hein?… ».
Ah! Taper sur François Hollande? Non. Pourquoi? Parce que j’ai voté «Pépère» en 2012, j’ai fait la compagne FH2012 avec beaucoup de plaisir d’ailleurs, et il faut dire qu’il a un forfait légitimité jusqu’en 2017. Moralement, rien n’a lui reprocher, toujours de Gauche comme l’était F.Mitterrand qui s’était attaché les services de Rocard-le-liberal sans renier ses valeurs. Sur Manuel Valls, c’est déjà bien de reconnaître qu’il s’est planté royalement (avec nous dedans), c’est un premier pas, mais lui accorder le pardon, faut voir. Pas de SondageOpif cette fois, je vais répondre…
Il faut savoir que ces élections perdues par Manuel Valls ont de lourdes conséquences pour la Gauche et pour le Parti socialiste: 1. Sur le plan électoral d’abord, c’est une sortie de route historique pour ne pas en dire plus. Jean Yanne disait «j’aime pas les routes départementales», le PS a détesté, suis-je assez clair? 2. L’autre aspect beaucoup moins à la UNE de la presse: Baisse des cotisations car moins d’adhérents, de sérieux problèmes financiers et peut-être bien un plan social au PS à venir.
Il faut savoir que les conseillers départementaux reversent 5 à 10% de leur indemnité au PS (Fédération), soit entre 1 400 et 2 000 euros/an par conseiller, donc près 2 millions d’euros de manque à gagner, c’est beaucoup. Si on ajoute entre 20 et 50 personnes qui pourraient perdre leur emploi par département avec ces 30 départements en moins, je vous laisse faire le calcul. Déjà pour les municipales de 2014 comme nous le rappelle LeFigaro qui n’en rate pas une, «près de 2000 collaborateurs socialistes avaient perdu leur emploi dans le sillage de la vague bleue qui avait vu 150 villes de plus de 10 000 habitants pousser le PS hors des mairies». Cette fois, pareil : ils seront nombreux à se diriger vers Pôle Emploi qui marche très bien comme nous le savons tous.
Mieux? Le financement de l’État s’est tari à cause d’une baisse de 10% de la dotation aux partis politiques (encore lui). Selon Europe1: «Dans son budget prévisionnel 2014, le PS tablait sur 2 300 000 euros de recettes d’adhésion. Or, au 31 juillet, on en était à… 530 369 euros. 60 % de déperdition à ce stade de l’année, c’est du jamais-vu.». Et si ça continue, la solution « Vente du Siège Rue de Solferino » va finir par s’imposer à défaut de faire un Sarkothon au PS.
Alors ce pardon, ce n’est pas à moi qui faudrait le demander je crois, et qui suis-je pour pardonner à un 1er Ministre? Rien, et je signale en passant qu’il y a des églises pour ça (ça c’est fait). Le désastre–Valls touche des milliers de personnes qui attendent qu’on leur explique ce qui leur arrive, ils n’ont pas démérité, eux. J’ai aussi le souvenir de son courroux lorsqu’il nous avait amputé d’Arnaud Montebourg et de Benoit Hamon pour une banale histoire de discours-vérité à Frangy, de simples mots qui ne touchaient que son seul égo, une mise en demeure (politique) que les faits valident aujourd’hui.
Alors, pardonner à Manuel Valls? Peut-être après des excuses à la Gauche et à ses militants que je ne suis pas, aux élus désavoués because sa politique etc. Oui, qu’il commence par là, ensuite on avisera. Et s’il démissionne dans l’intérêt de l’unité de la Gauche qu’il n’incarne pas, on ne sera pas fâché, on a bien viré JM Ayrault pour beaucoup moins que ça.
Cordialement,
Un «ex-blogueur de Gouvernement»
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