[Balle de match]. Christiane Taubira quitte le gouvernement sur un désaccord politique majeur», c’est ce qu’elle a déclaré dans une dernière tirade citant Aimé Césaire: «Nous ne livrerons pas le monde aux assassins d’aube»…
Un extrait déjà cité dans ce billet du 03 janvier 2014, des mots de «Moi, laminaire (1982)», dernier recueil de poésie d’Aimé Césaire, bilan quelque peut désenchanté de son œuvre poétique, même s’ «il n’est pas question de livrer le monde aux assassins d’aube» comme il l’écrit dans «Nouvelle bonté» –
Nouvelle bonté – Aimé Césaire – 1982
Il n’est pas question de livrer le monde aux assassins
d’aube
la vie-mort
la mort-vie
les souffleteurs de crépuscule
les routes pendent à leur cou d’écorcheurscomme des chaussures trop neuves
il ne peut s’agir de déroute
seuls les panneaux ont été de nuit escamotés
pour le reste
des chevaux qui n’ont laissé sur le sol
que leurs empreintes furieuses
des mufles braqués de sang lapé
le dégainement des couteaux de justice
et des cornes inspirées
des oiseaux vampires tout bec allumé
se jouant des apparences
mais aussi des seins qui allaitent des rivières
et les calebasses douces au creux des mains d’offrande
une nouvelle bonté ne cesse de croître à l’horizon.
Et dans sa grande bonté, Christiane Taubira nous fait grâce de cette phrase venin d’Aimé Césaire – dans le même recueil pages 119-120-, «Le décompte des décombres n’est jamais terminé».
Réfléchir.
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