
« Papa, je descends en ville Place Bellecour pour le feu d’artifice du 14 juillet (…) ». Oui ma grande, et tu fais attention. Peu avant minuit, les images de l’attentat de Nice tournaient déjà en boucle sur les chaines d’info, à la UNE. Des coups de fils à des amis de Nice, des messages, certains sans attache, l’attente. A son retour, juste quelques mots – elle savait via les notifications activées sur son iPhone-. Et le lendemain matin, sur ce visage à peine reveillé, des doutes, des questions qui appelaient des réponses que je n’avais pas, que je n’ai toujours pas. Et cette remarque:
« Papa, je me demande ce que sera ma vie demain, s’il y aura un « demain ». Etudes, révisions, examens, une partie de mes vacances en stage, etc. Et quand je pense que ça ne sert peut-être à rien, que tout peut s’arrêter du jour au lendemain. Comme ces personnes, j’étais sous un feu d’artifice, ça aurait pu (…)… j’ai peur Papa.«
Avoir peur et partager celle de ses enfants, s’inquiéter en silence et trouver des mots qui rassurent, difficile. Charlie-Hebdo, Bataclan, Grand-Bassam, Copenhague, Kenya, Charleston, Bruxelles, Orlando, Turquie, etc... d’un attentat à l’autre, une tache laminaire s’incruste durablement dans le viseur de notre longue-vue, et les mots ne suffisent plus, en trouver d’autres, ajuster le dispositif et redresser l’image. Nous en avons parlé, longtemps, et c’est elle qui m’a rassuré je crois. Une présence. Nous en reparlerons, encore, le jour d’après est sans fin, mais demain se fera, et se verra. Aujourd’hui à la UNE de Nice-matin, des vies fauchées, les nôtres, par procuration. Oui j’habite la « case Charlie« , et le trépied tiendra.
« Longue-vue » à nos enfants.
[Lyon, 17 juillet 2016].
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