«Discours sur le racisme» [Aimé Césaire revisité]…

Discours sur le racisme (colonialisme Aimé Cesaire FN Présidentielle 2nd tour[Billet #Archive]. Et puisqu’il m’est autorisé de parler de la menace Front national et donc du racisme, allons droit au mensonge principal à partir duquel prolifèrent tous les autres.  «Une société qui s’avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une société décadente» écrivait un grand poète noir, Aimé Césaire le «nègre fondamental», dans son «Discours sur le colonialisme» de 1950, 1ère Édition. Un texte fondateur, un réquisitoire, un pamphlet poétique retiré des programmes scolaires en 1995 par François Bayrou alors Ministre de l’Éducation nationale. Soit. Je vais ici reprendre ce texte, l’actualiser et le déstructurer au nom de la raison critique dans la « France de l’entre deux tours», pour comprendre et saisir avec fruit, les dessous de cette société moribonde qui s’effondre et qui dans sa chute se répète sans cesse: « jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici (..)».

Le fait est que, notre société telle que l’ont façonné des siècles de Lumières refuse de résoudre les problèmes majeurs auxquels son existence a donné naissance: le problème de sa pluralité et de ses influences multiples; que, déférée à la barre de la «raison» comme à la barre de la «conscience», cette France-là est impuissante à se justifier; et que, de plus en plus, se réfugie dans une hypocrisie d’autant plus odieuse qu’elle a de moins en moins la chance de tromper son monde. Et aujourd’hui, il se trouve que ce ne sont plus les masses venues d’ailleurs qui la menacent, ou qu’on incrimine sur la place publique, aujourd’hui, l’acte d’accusation proféré sur fond de racisme accepté, est un aveu de culpabilité de ceux qui osent encore s’ériger en parangon de vertu. Une société de bonne foi certes, mais d’une hypocrisie collective où l’on pose malhabilement les problèmes pour mieux légitimer les odieuses solutions qu’on leur apporte. Et elle s’obstine à éviter l’innocente question initiale:

Qu’est-ce qu’en son principe que le racisme ?

« Lutter contre » n’est ni entreprise philanthropique ni volonté de reculer les frontières de l’ignorance. Je trouve que l’hypocrisie n’est pas de date récente, (…) le grand responsable dans ce domaine est le pédantisme collectif, pour avoir posé les équations malhonnêtes: « colonisation civilisatrice », « racialisme imaginaire », «intégration à la française», «BanlieueStigmatisation des esprits», etc. Et ne pouvaient s’ensuivre que d’abominables conséquences racistes. Il faudrait d’abord étudier comment la France travaille à déresponsabiliser le Français, à l’abrutir au sens propre du mot, à réveiller ses instincts enfouis, (violence verbale, haine raciale, relativisme moral, etc.), et montrer que, …

 » (..) chaque fois qu’il y a un acte raciste et un œil crevé et qu’on accepte, chaque fois qu’il y a une violence policière et qu’en France on accepte, chaque fois qu’il y a une discrimination et qu’on accepte, il y a un acquis de la morale qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe, un foyer d’infection qui s’étend, et qu’au bout de toutes ces valeurs violées, au bout de tous ces mensonges propagés et de toutes ces expéditions punitives tolérées, au bout de cet orgueil encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de la société, et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement de la République .

Racisme choic deuxièlme tour Présidentielle 2017Et alors un beau jour, au lendemain d’un dimanche d’élection, elle est réveillée par un formidable choc en retour: La haine suprême est aux portes du pouvoir, les fachos s’affairent et discutent déjà autour des chevalets. On s’étonne, on dit: «Comme c’est curieux! Mais Bah, c’est le nationalisme, on fera barrage, et ça passera  (..)». Et on se tait à soi-même la vérité, que ce racisme déjà installé est une barbarie, celle qui résume la quotidienneté des Barbaries

« Et on attend, on espère, et on oublie qu’avant d’en avoir peur, avant d’en être la victime éventuelle, on en a été le complice; que ce racisme-là, on l’a supporté, on l’a absous, on a fermé l’œil là-dessus, que ce nazisme-là, on l’a légitimé, parce que, jusque-là, il ne s’était appliqué qu’à des êtres serviles; que cette sauvagerie hurlante, on l’a cultivé, on en est responsable, et qu’il sourd, qu’il perce, qu’il goutte, avant de l’engloutir dans ses eaux rougies de toutes les fissures de la société ».

Oui, il vaudrait la peine d’étudier cliniquement, dans le détail, le laxisme collectif dans la lutte contre les discriminations, et de révéler à la société toute entière, aux très distingués donneurs de leçons, qu’ils portent en eux une intolérance coupable, que la haine nationaliste est son Pétain et le racisme l’habite, que s’ils le vitupèrent aujourd’hui seulement, c’est par manque de logique, …

 (..) et qu’au fond, ce qu’ils ne supportent pas dans ce miroir, ce n’est pas le racisme en soi, ce n’est pas le crime contre l’homme, c’est le crime contre soi, ce qu’ils ne supportent pas par dessus tout, c’est la peur de se voir appliquer des procédés dont ne relevaient jusqu’ici que les « commis de la république » dont ils étaient les Maîtres.

Et c’est là le grand reproche que j’adresse aux pseudos « barragistes de l’entre deux-tours-et-puis-s’en-vont», aux «chiens de garde du colonialisme», aux «macrotteurs politiciens lèche-chèques», aux «académiciens goitreux endollardés de sottises», aux «ethnographes métaphysiciens et dogonneux», aux «intellectuels et hommes politiques convaincus de leur  «supériorité dolicho-blonde»,  à tous ces «Bidault aux airs d’hostie conchiée», etc., je leur reproche d’avoir trop longtemps rapetissé les valeurs de la République, d’en avoir eu, d’en avoir encore une conception étroite et parcellaire, partielle et partiale et, tout compte fait, sordidement raciste.

Faut-il pour autant rejeter dans les ténèbres de l’oubli tous les faits d’armes de la lutte contre le racisme ?

Non. Il est des tares qu’il n’est au pouvoir de personne de réparer et des fautes qu’on n’a pas fini d’expier, mais chaque jour qui passe, chaque déni de justice, chaque réclamation noyée, chaque scandale étouffé, nous fait sentir combien notre société est malade, moralement atteinte. Une société qui, irrésistiblement, de reniement en reniement, appelle sa propre haine. À se replier sur elle-même, une société, quel que soit son génie intime, s’étiole, et la grande chance de la France est d’avoir été un carrefour, et que, d’avoir été le lieu géométrique de toutes les idées, le réceptacle de toutes les philosophies, le lieu d’accueil de tous les sentiments en a fait le meilleur redistributeur d’énergie, l’échange est son oxygène. Et le 07 Mai 2017, viendra la nouvelle  «expropriation pour cause d’utilité publique».

[…]

Lyon, 30 avril 2017. Guy-Alain B. « Discours sur le racisme », adaptation (très) libre du texte d’Aimé Césaire «Discours sur le colonialisme, Chap. – À l’origine du Nazisme – (1955), Paris Sorbonne, 4ème Édition».

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12 réflexions au sujet de « «Discours sur le racisme» [Aimé Césaire revisité]… »

  1. qui t’as autorisé, toi, manant, à parler de racisme ? Tu as tu eu l’accord du front anti-raciste officiel et le tampon d’en marche ? Non ? Bon, alors !? 😉

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    1. Je les emmerde, tellement que je ne sais plus pourquoi je les emmerde. Bref, ils n’auront pas ma «liberté de penser» que je les emmerde. Voila! 😉

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  2. Et qu’ est ce qu on fait quand on ne comprend tellement rien au racisme…qu’ on est incapable de l’imaginer…encore moins de l expliquer..
    comme s’il s’agissait de qqchose d’impossible…parce que la différence est notre identité et que le nier comme une évidence c’est mourir…
    Les différences (que certains distinguent) se complètent comme un puzzle…un équilibre essentiel…une force vive ! Ceux qui ne le vivent pas ainsi passent a côté de l’essentiel .

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