Un jour sur les Internets, disons, du temps des mille commentaires sur les blogs, quelqu’un m’avait fait la remarque suivante : «Ah mais toi, tu ne parles que des noirs sur ton blog, on ne parle pas de ça nous! Faut arrêter de culpabiliser les gens (toussa)…». Nul besoin de dire qu’il n’a pas eu cette chance de vivre sous le Baobab ancestral, qu’il n’a pas non plus lu, sur les feuilles asséchées par l’harmattan, les textes initiatiques de la Grande École de la parole. Oralité oblige dans cette Afrique moderne de mon enfance, c’est sur d’autres supports que cette transmission du savoir s’opérait. Dans le cartable de «l’enfant noir», à côté du syllabaire, de la craie et de l’ardoise, flottaient des questions existentielles toujours sans réponses. A la télé, sur les ondes radio de mon père, voire via les enceintes des bars au son incertain qu’on croisait sur la route de l’école, on pouvait voir, entendre, lire, s’instruire, et surtout, réfléchir. Une vraie classe verte…
Cette «musicalité apprenante» était faite de notes, de rythmes pour marcher au pas, mais aussi et surtout de mots, de textes pour une réflexion sur l’identité noire et singulièrement sur son invisibilité. Je ne vous parlerai pas de cette clé traumatisante – qui m’a fait renoncer au cours de Solfège – où l’on nous enseignait qu’ «une blanche valait deux noires», mais c’est dimanche – jour du Seigneur – on va s’arrêter sur le cas de l’Église et de ses immaculées représentations: Jésus, les Apôtres & les Saints, les icônes, statues et Livres des Écritures, etc., tous blancs sauf pour le Diable, en Noir. Faut bien être quelque part que nulle part diront certains, mais bon. C’est ce que chante Miss Ancy Kiamuangana, fille de son père Kiamuangana Mateta – Vévé Verckys dit «VV», auteur de cette chanson de 1972. Des questions sans réponses je disais: «Qui Suis-Je? D’où Je Viens? Quid de mon ancêtre dans l’Église? Où est-il? Pourquoi Dieu il nous aime pas?». L’œuvre avait suscité le courroux du Vatican et de l’Église qui avait demandé son interdiction, c’est vous dire…. A défaut de l’original, je vous propose la fille avec insertion du solo paternel à 3’38 minutes. Ah ! C’est sous-titré, en anglais …
Pour réparer une injustice, une « Prière à Dieu » dirait Voltaire. Ou une « Plainte à Dieu », au choix. Et pour répondre à la remarque imbécile en intro de ce billet du dimanche, je pourrais plaider l’innocence – je suis noir depuis tout petit j’y peux rien ! – mais non, je dirais tout simplement : «Faut vraiment ne pas être noir pour s’autoriser ce genre de remarques à-la_con». J’ai pas dit «privilège blanc» ok? Bon dimanche, et passez de bonnes vacances les … gens.
▪️#Nakomitunaka [Trad. «Je me demande»]
./…