#Congo: Lettre à François Hollande : «Monsieur le Président», fallait pas… #Sassouffit

manifestation-contre-le-referendumAprès la condamnation des propos de Benjamin Netanyahu sur la Shoah par la presse israélienne et par la Chancellerie allemande, on attendait que François Hollande – ou Manuel Valls – s’exprime sur le sujet, mais non, c’est sur le hold-up sur la démocratie au Congo que s’est exprimé le Président de la République.

Ce mercredi à l’Élysée, F. Hollande, l’Homme de Tombouctou s’est exprimé sur la Démocratie en Afrique suscitant le courroux de l’Afrique et celui des congolais. Le sujet qui (me) fâche? Au Congo-Brazzaville, le Président Denis Sassou-Nguesso, au pouvoir depuis 1979, bloqué par la Constitution qui l’empêche de briguer un nième mandat, organise son «RéférendumUnité» pour rester au pouvoir. Et notre bon vieux Pépère estime qu’il en a le «droit»« Nous respectons les choix, toujours, des autorités légitimes. Au Congo, le président Sassou peut consulter son peuple, cela fait partie de son droit et le peuple doit répondre».

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Pas faux, sauf que… les fiches (ou notes) de lecture présentées à François Hollande pour établir «ce discours de vérité» sont à refaire, elles contredisent toutes ses précédentes déclarations – sur le respect de la loi constitutionnelle en Afrique – et fustigent ses propres mises en garde contre «ces présidents qui veulent rester au pouvoir à tout prix», il donne quitus à Sassou-Nguesso, une sorte de «caution politique» dont il n’imagine pas la porté. La répression -déjà en cours à Brazzaville et à Pointe Noire trouve dans ces propos une «légitimité macabre». Il faut croire mon Congo vaut un retournement de veste comme l’écrit Courrier International vu du Burkina Faso, de quoi vous saper le moral. Aussi, Monsieur le Président Cher Pépère, j’ai quelque chose à vous dire, en off.

Monsieur le Président, Cher Pépère…

Je suppose que votre intention était de botter en touche, raté! vous avez fait « but! » contre la Démocratie en Afrique! Et vous savez quoi? Vous n’avez pas idée de la gravité de ces propos sur l’avenir de ce pays qui m’a vu naître et grandir. Oui Monsieur le Président, fallait pas, non, le Congo, c’est compliqué, trop. Personnellement j’évite d’aborder ce sujet (le Congo, politiquement) sur ce blog, à quelques billets près, – sauf quand lUMP y va pour renflouer ses caisses vides – je parle d’autres chosesculture, société, sape, etc-. Et comme je pense vous l’avoir dit en septembre 2012, je suis Congolais de nationalité française – Du Congo je suis, une précision utile pour définir sur ma relation d’appartenance à la République, pour mieux comprendre ce qui suit -. La ville de Pointe-Noire aujourd’hui à feu et à sang, pleurant ses morts et suscitant la colère partout en Afrique, cette ville endeuillée comme Brazza-la-verte, c’est Ma ville – en plus de Lyon naturellement -. Monsieur le Président, j’ai pensé au tutoiement dans ce billet car il est question du Congo, j’y renonce pour ne pas fâcher ma mère déjà savamment énervée par votre déclaration. Permettez donc que je garde cette distance pour vous expliquer les quelques détails que la «cellule Foccart de l’Élysée» ne connaît pas, ou disons, maitrise mal. Oui, le Congo c’est mon rayon et la consultation sera gratuite.

Monsieur le Président, Cher Pépère… Quand le congolais oublie la Sape, l’ambiance, ses études, etc., pour une diatance démocratique dans les rues de Mavula (Brazzaville) et de Ndjindji (Pointe-Noire), en hurlant « Sassouffit!», il ne parle pas petit-nègre et n’exhibe point les pas de je ne sais quelle danse traditionnelle pour fêter le fin de la saison-sèche, mais, exprime un ras-le-bol, «ékoki!» –traduction «ça suffit!»-. Et dans le rayon conneries (politiques), Denis Sassou-Guesso dit Otiombé que je connais depuis toujours, mériterait bien tout un tome dans le Wikipedia. Oui je le connais, je devais avoir 5-6 ans lorsque, ce jeune officier traînait rue Dahomey à Poto-poto Brazzaville, près du Stade Felix-Eboué devant l’Église Sainte-Anne, pas loin de l’Avenue de France, il avait une «vie privée» dans la maison qui faisait l’angle, il y venait souvent, en moto mais sans casque – pas besoin de ça Congo – et le respect des règles c’est pas sa «tasse de cacao». Oui Monsieur le Président, Sassou représente à lui tout seul «l’histoire des drames du Congo» comme on peut le lire dans ce papier de FranceTVinfo, une anthologie coup-d’Etat des années 60 jusqu’à nos jours, des faits, le vécu live de mon enfance à Brazza-la-capitale jusqu’en 1975 avant le retour à Ponton. Pour les responsabilités évoquées dans le récit que je résume, la Cour appréciera

Monsieur le Président cher Pépère, il faut savoir que Denis Sassou-Nguesso, «s’est fait» deux présidents de la République au Congo et en a destitué deux  autres à lui tout seul. (1). Marien Ngouabi qu’il avait aidé dans un coup d’État le 31 décembre 1968 avec pour lui le poste-clé de «contrôleur local» de Elf (l’actuel Groupe Total), le pétrole et les combines. Il était très actif dans les années 1970 avec une série disparition de dirigeants politiques éliminés (Kiganga, Ange Diawara), puis Marien Ngouabi, éliminé à son tour le 18 mars 1977, et une semaine après, c’était … (2). l’ex-président Massamba-Débat qui « passait« , tué lui aussi. Pierre Anga ayant mis en cause Sassou (son ami) fut assigné à résidence puis tué. Arrivé au pouvoir en 1979 après s’être débarrassé d’un autre Président de la République (3) Joachin Yombi Opango1er destitué -, Sassou restera aux commandes jusqu’aux élections pluralistes de 1992 qu’il perd, mais reviendra 5 ans plus tard en 1997 – à l’issue d’une violente guerre civile, aidé par l’armée Angolaise et par son beauf le Gabonais Omar Bongo – le mari de sa fille, ça aide – avec la bénédiction de Elf France. Exit le président élu (4) Pascal Lissouba, – 2ème destitué et 4ème du nom. Je vous épargne « le massacre du Beach » et ses 350 disparus d’avril 1989, la présidentielle de 2002 où le seul candidat capable de le battre, André Milongo, Ancien 1er ministre fut contraint de retirer sa candidature à deux jours du scrutin, la terrible répression étudiante du 11 nov 1986 avec moi dedans, Aujourd’hui? Bloqué par la constitution qui lui interdit de briguer un autre mandat, atteint par la limite d’âge fixée à 70 ans, Denis Sassou-Nguesso, 72 ans en novembre, propose un «Référendum» pour rester en place comme l’avait rêvé Blaise Compaoré avant le soulèvement populaire #Lwili où comme espère le faire Kabila de l’Autre Congo (Ex-Zaïre) et qui doit très certainement se réjouir de votre prise de position, il vous doit une bière, mieuxun litre de vin de palme!.

C’est pourquoi Monsieur le Président Cher Pépère, dût ma politesse en souffrir, j’attends quelques explications – l’Afrique aussi d’ailleurs- des mots sur ce drôle de «visa politique» qui annule ce que vous avez réussi à faire jusque là, c.-à-d., une vraie rupture avec les combines Foccart où les présidents en Afrique jouaient le rôle de Préfets de Région avec la bienveillance de Paris. « Là où les règles constitutionnelles sont malmenées, là où la liberté est bafouée, là où l’alternance est empêchée, j’affirme ici que les citoyens de ces pays sauront toujours trouver dans l’espace francophone le soutien nécessaire pour faire prévaloir la justice, le droit et la démocratie» disiez-vous encore récemment lors des événements du Burkina Faso en octobre 2014. Monsieur le Président cher Pépère, pour vos «ratés » en politique intérieure – économie, chômage, etc.-, je vous ai épargné mes coups-de-claviers, Manuel Valls est désigné volontaire, c’est lui qui « ramasse », il est 1er Ministre et c’est dans le forfait « politique libérale d’un gouvernement de Gauche » – Mais sur le Congo, et même si l’on peut penser qu’il vous conseille, on va l’oublier pour cette fois. Monsieur le Président, je (re)viendrais volontiers vous rendre visite à l’Élysée, et promis, cette fois je ne vous ferai pas l’offense d’un refus, comme en avril 2013 lorsque vous m’avez invité – «j’avais famille» comme on dit, un voyage en Grèce, comme vous aujourd’hui, je sais, décliner une invitation à déjeuner Rue du Faubourg Saint-Honoré, il n’y a que moi pour le faire, donc pardon – ça c’est fait -. Pour finir, juste une chose, cette note que je vous adresse Monsieur le Président, et ben, vous savez quoi? Dans le-Congo-de-Sassou, l’écrire, c’est renoncer au plaisir d’entendre le chant du coq lorsque enfin le jour se lève, l’éditer marque la fin des mes instants vacances à Ponton-sur-Mer, m’éloigne de ce soleil qui ne brille plus au Congo. En Afrique, le soleil c’est la vie disait mon Grand-Père, un ancien de l’armée des colonies, grand admirateur du Général de Gaulle qu’il avait croisé en 1944 lors de la Conférence de Brazzaville, il était désigné volontaire

Monsieur le Président, #Sassouffit.

Cordialement, cc Élysée.fr

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Et voila.

(…)