« Notre bouclier Kurde brûle et nous regardons ailleurs». Édit archive de Charb | CharlieHebdo

Après le feu vert de Donald Trump à Erdogan de Turquie pour éliminer les Kurdes notre bouclier antiterroriste, notre paravent contre l’État islamique et, face à l’inaction de l’Europe devant ce drame qui déroule sous nos yeux, il est utile de relire Charb de CharlieHebdo dans sa plaidoirie-archive du 22 Octobre 2014. Oui, ces Kurdes qu’on assassine nous défendent tous

Et Charb a raison: Aujourd’hui encore, ils représentent le seul rempart contre l’avancée de l’État islamique. Il faut craindre que l’extermination des Kurdes ne jette dans la nature des milliers de prisonniers djihadistes (qu’ils avaient capturé et qu’ils gardent prisonniers pour notre sécurité). Toutes ces bombes humaines dans la nature fait craindre des lendemains difficiles…

«Je ne suis pas kurde, je ne connais pas un mot de kurde, je serais incapable de citer un nom d’auteur kurde. La culture kurde m’est totalement étrangère. Ah, si ! il m’est arrivé de manger kurde… Passons.

Aujourd’hui, je suis kurde. Je pense kurde, je parle kurde, je chante kurde, je pleure kurde. Les Kurdes assiégés en Syrie ne sont pas des Kurdes, ils sont l’humanité qui résiste aux ténèbres.

Ils défendent leur vie, leur famille, leur pays, mais qu’ils le veuillent ou non, ils représentent le seul rempart contre l’avancée de l’“État islamique”. Ils nous défendent tous, non pas contre un islam fantasmé que ne représentent pas les terroristes de Daech, mais contre le gangstérisme le plus barbare. Comment la prétendue coalition contre les égorgeurs serait-elle crédible, alors que, pour des raisons différentes, beaucoup de ses membres ont partagé avec eux (et partagent encore pour certains) des intérêts stratégiques, politiques, économiques?

Contre le cynisme et la mort, aujourd’hui, il y a le peuple kurde. »

Charb directeur de Charlie Hebdo | Mercredi, 22 Octobre, 2014

Et Emmanuel Macron, à part s’indigner mollement, semble laisser faire. À se demander ce qu’ils se sont dit avec Vladimir Poutine – l’allié de la Turquie – lors de leur déjeuner au Fort de Brégançon l’été dernier. Difficile d’imaginer l’absence de la question Kurde durant ces agapes fraternelles. Simple question.

Notre bouclier anti djihadistes brûle et nous regardons ailleurs.

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3 réflexions au sujet de « « Notre bouclier Kurde brûle et nous regardons ailleurs». Édit archive de Charb | CharlieHebdo »

  1. Au fond la seule grande peur (serinée dans les médias grand public) est la possible arrivée en masse sur notre territoire des djihadistes français. Les kurdes comme tant d’autres peuvent crever.
    Cela m’a fait relire cet important discours d’Aimé Césaire: https://www.larevuedesressources.org/IMG/pdf/CESAIRE.pdf

    L’histoire nous explique pourquoi, nous, européens, en savons beaucoup sur les crimes des autres, et si peu sur les nôtres. (hors Holocauste, car aux yeux de ceux qui élaborent le contenu du discours grand public, le racisme colonialiste et les atrocités commises en son nom ne sont rien en regard du nazisme.) Les médias grand public français s’en donnent à cœur joie dès qu’ils peuvent produire des articles sur le racisme aux Etats-Unis, nous rappelant, grâce à de nombreuses statistiques « ethniques » , combien le racisme infecte encore ce pays. En France, ces mêmes statistiques sont tout simplement interdites. Une manière simple et radicale de faire en sorte de ne rien savoir de cette « Europe », telle qu’elle existe aujourd’hui, qui s’est construite sur le pillage des continents qu’elle a colonisés (Afrique, Amérique, Asie, Océanie) et qu’elle continue encore à piller, grâce aux dispositifs d’un système économique global conçu par et pour les grandes puissances. Les générations actuelles en subissent les conséquences comme les générations futures subiront les conséquences à notre incapacité d’enrayer le réchauffement climatique, d’assumer nos responsabilités.
    Les européens, et les occidentaux en général, ont progressivement évolués jusqu’à aboutir à une mentalité économiste permettant en quelque sorte de rendre acceptable les crimes les plus effroyables à condition d’être économiquement défendables et de les tenir le plus éloigné de nos frontières:
    « Le désir de s’enrichir n’est certes pas nouveau, la passion pour l’or n’a rien de spécifiquement moderne. Ce qui l’est cependant un peu, c’est cette soumission de toutes les autres valeurs à celle-ci.(…) il est devenu parfaitement clair que tout peut être obtenu par l’argent, que celui-ci est non seulement l’équivalent universel de toutes les valeurs matérielles, mais aussi la possibilité d’acquérir toutes les valeurs spirituelles. » (Todorov dans « La conquête de l’Amérique »)

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