Centres hospitaliers: Ouvrir [+] les hôpitaux des Armées au public…

hop_desgenettes2-aec92Le décès in utéro d’un enfant à la maternité de Cochin Port-Royal à Paris est décrit dans la presse comme une défaillance de la classification des hôpitaux par le décret de 1998, ou comme une conséquence des problèmes budgétaires (suppression des lits, réduction des effectifs etc…) ou encore, le fait de l’inconscience des ces parents qui tous, s’orientent prioritairement vers les hôpitaux les mieux équipés pour plus de sécurité. Défaillance du suivi périnatal? Négligence? Saturation des services?

Ce vaste sujet nécessite quelques rappels pour se forger une idée. D’abord une chose, on a en France des maternités de mieux en mieux équipées mais de moins en moins nombreuses. Trois niveaux:

  1. Les maternités de niveau1, réparties à parts égales entre cliniques privées et établissements publics, disposent d’une unité d’obstétrique de base, prennent en charge les grossesses sans risque, sont équipées d’unités obstétrique de
  2. Les maternités de niveau2 équipées d’unité de néonatologie en cas de complication.
  3. Et, celles de niveau 3, comme à Cochin Port Royal, pour les grossesses à haut risques avec  unité de réanimation néonatale. (Copie écran Canal+, #LNE).
Cliniques Maternité Classements

La défaillance de cette nomenclature est l’un des arguments évoqué. Le choix les maternités de niveau II et III serait en cause. Le Figaro parle de L’évolution des comportements des parents et, l’évoquait déjà en 2011 «On constate qu’une majorité [de femmes] accouche dans les maternités de niveaux II et III, alors même que l’arrivée de l’enfant se présente au mieux (…) Accoucher dans une maternité de niveau élevé pourrait en effet être perçu comme une garantie supplémentaire, quel que soit le niveau réel de risque encouru». C’est une vision culpabilisante pour les parents.

Ces faits n’expliquent pas tout. La réduction du nombre de maternité en France, participe au désert médical en France. Le nombre de maternités est passé de 1400 dans les années 1970 à environ 500 aujourd’hui, c’est dire. L’augmentation des moyens techniques s’accompagne d’une diminution de moyens humains sur fond de logique comptable. Je partage l’avis de L’humanité qui pense que ce drame est une des conséquences des coupes budgétaires. Réduire des déficits publics, l’argument fétiche d’une certaine classe politique partisan de l’économie de l’hôpital.

Selon les syndicats de Cochin Port Royal, ce drame est une conséquence directe des restructurations et des restrictions budgétaires. 19 lits d’obstétrique ont été supprimés en 2012. D’autres solutions sont possibles pour endiguer ce phénomène. J’ai vais faire une proposition

Ouvrir un peu plus les hôpitaux des armées au public.

C’est déjà le cas me direz-vous, oui. J’ai été redirigé (il y a 10ans) vers celui de Desgenettes (Lyon, voir image1). Il faut reconnaitre que le e service est à la hauteur des attentes des patients. En France on compte neuf hôpitaux militaires (Bordeaux, Brest, Lyon, Marseille, Metz, Toulon, Clamart, Saint-Mandé et Paris (Val de Grâce) qui ont pour mission prioritaire le soutien des forces. Ils concourent également au service public hospitalier. Dans cet hiver médical, les ouvrir un peu plus est une option déjà évoquée par de nombreux rapports. La région parisienne en compte trois…

Cartes des hopitaux des armées

Source.

La grande muette médicale

Peu de gens le savent, les hôpitaux militaires sont ouverts à tous les assurés sociaux, même sans lien avec le ministère de la Défense. Le service de santé des armées remplit sa mission opérationnelle mais des marges d’amélioration importantes existent. Assimilés par le ministère de la Santé à des centres hospitaliers et universitaires (CHU), ces hôpitaux sont des établissements polyvalents de soins pour adultes. Ces centres, déjà très bien équipé, peuvent répondre aux questions budgétaires et de personnel évoquées dans le secteur public

Les hôpitaux des armées restent encore un très bon plan médical pour une certaine élite (Chefs d’État, ministres, parlementaires, personnalité etc.). Les ouvrir un peu plus au public, les insérer dans un plan de restructuration des centres hospitaliers pour des économies conséquentes. En effet, le déficit d’exploitation des hôpitaux militaires, hors norme, constitue le premier déficit hospitalier de France selon un récent rapport de la cour des comptes.

Les neuf hôpitaux militaires affichent « un déficit d’exploitation hors norme (…) de l’ordre de 280 millions par an, ce qui en fait l’équivalent du premier déficit hospitalier de France (…) C’est tout à fait considérable », a souligné Didier Migaud, relevant que ces établissements militaires se plaçaient « parmi les 20% d’établissements hospitaliers les moins productifs« . [Déficit cumulé de l’AP-Hôpitaux de Paris, des Hospices civils de Lyon et de l’Assistance publique de Marseille, alors même que la capacité des hôpitaux militaires équivaut seulement à celle du CHU de Toulouse]. Une réaffectation des moyens, une ouverture plus étendue vers le secteur public serait un moindre mal. Des maternités manquent d’effectifs et de moyens.

Après la demande d’ouverture des églises pour les sans-logements, les hôpitaux des armées pour une meilleure gestion du parc hospitalier.  Désengorger les urgences publiques pour libérer les moyens humains et matériels et, réorganiser les maternités.

Un enfant est mort.

logo-mediavox-betaBillet-édito publié sur Mediavox

Guy-Alain BEMBELLY, 05 Fév 2013.