Quand C. Taubira «ébranle» Dieudonné et Manuel Valls…

Christiane Taubira, la Garde des Sceaux revient ce matin sur la «polémique Valls-Dieudonné» dans un papier publié dans le Huffpost: Ébranler les hommes. Avec sa plume et cette verve qui suscite l’admiration, elle a recadré les «pitreries obscènes d’un antisémite multirécidiviste» (Dieudonné):

«Faut-il que son talent soit stérile pour qu’il n’ait d’autres motifs pour faire s’esclaffer des esprits irresponsables ou incultes ou pervers, qu’une tragédie, un génocide, un indicible drame, de ceux dont on sait qu’on ne guérira pas, car rien ne nous consolera jamais des enfants dont la destinée s’est interrompue, (…) Faut-il frayer avec les monstres pour trouver quelque plaisir à se faire complice, après coup, de ce crime contre l’humanité? Faut-il avoir rompu avec les hommes pour ne pas être saisi d’effroi à l’évocation de la machination démente qui a organisé le discrédit, la cabale, les rafles, le transport surencombré, la promiscuité, le tri à l’arrivée, l’entassement dans les camps, le rituel macabre de la procession jusqu’aux chambres à gaz?» etc.

Christiane Taubira

Christiane. Taubira (Ministre de la Justice) semble ne pas apprécier les velléités judiciaires de Manuel Valls, Ministre de l’intérieur, sur sa volonté de légiférer sur le cas Dieudonné: «Agir. Réfléchir et agir. Relire attentivement la circulaire du 27 juin 2012 pour voir si nous aurions oublié une ligne, une virgule dont dépendrait l’efficacité des poursuites. Examiner note par note ce qui aurait pu être traité différemment, plus sévèrement. Comment faire face à cette nouvelle épreuve pour la démocratie?».

Dans le registre «Leçon de Droit», elle titille encore une fois la virilité intimidante de Manuel Valls: «La démocratie s’enorgueillit d’avoir conscience que la justice des hommes est faillible. Pour en limiter les risques, elle a prévu des garanties, l’audience publique, le débat contradictoire, les droits de la défense, l’appel, et même le doute qui doit profiter à l’accusé. Elle a prévu des procédures et convient de leur nullité en cas de non-respect des règles. C’est sa grandeur, sa supériorité sur les régimes totalitaires ou même simplement autoritaires. C’est aussi sa servitude. Sa vulnérabilité. ». Un arbitrage sans concession…

On ne peut que partager sa conclusion: « Il est hors de question de commencer l’année en « livrant le monde aux assassins d’aube » (Aimé Césaire)».

Lire sur le Huffpost.

Manuel Valls, une photo et 4 Quenelles…

Indirectement, Manuel Valls, en flagrant délit « involontaire » de «Quenelle». C’est une mémoire numérique publiée par le Parisien, ça la fout mal…

20131230-213003.jpg

Cette histoire de «Quenelle» va mal finir, une mauvaise cuisine

Interdire Dieudonné? Oui mais, pas que…

Écrire sur «Dieudonné», c’est un risque par les temps qui courent, surtout lorsqu’on est moi (suivez mon regard).  Je viens de lire le billet d’Amandine et celui de Nicolas, le sujet est très clivant. Avant toute chose, je vous propose de revoir, 10 ans après, le sketch antisémite de Dieudonné sur le plateau de Marc Olivier Fogiel (déc 2003)…

Depuis, il a viré fou. Dieudonné est devenu un vrai danger public, ses propos sont condamnables et sans conteste. L’interdire est pour moi une évidence (je croyais que c’était déjà le cas) mais, se limiter au seul Dieudonné serait une grossière erreur, c’est le conforter dans son statut de « victime« . «Comment condamner Dieudonné et ne pas s’attarder sur les commentaires de ses fans sur Youtube, ailleurs sur Facebook, ou encore les tweets racistes et homophobes, ou même sur les commentaires des lecteurs du Figaro souvent bien plus explicites?» écrivait SebMusset.  Alors, interdire les spectacles de Dieudomé? oui mais comment? et avec qui? Interdire Civitas? Le Front National? La droite décomplexée? Le journal Minute? Interdire Charlie Hebdo? L’office du dimanche des curés racistes de la Manifpourtous? La liste est longue.

«Élargir (ou pas) le dispositif de répression sur ces dérives racistes et antisémites en France?» c’est je crois, la question in fine que pose le « Cas Dieudo ».

On est mal (…)